Comment peut-on se faire confiance sans se voir ? Le cas du développement des logiciels libres
Abstract
Cette recherche porte sur la collaboration au sein des réseaux d’innovation distants. Ces équipes-projets sont constituées d’individus dispersés géographiquement, réunis temporairement, et utilisant les technologies de l’information et de la communication comme support de communication et de mise en place du projet. La littérature consacrée aux relations entre les acteurs d’un réseau fait de la confiance le principal mode de coordination. Or, il semble admis que cette confiance s’appuie essentiellement sur la connaissance de l’autre et le face-à-face. Notre objectif est d’étudier les conditions dans lesquelles la confiance peut être un mode de coordination quand il n’y a pas d’interaction directe sur le même lieu entre les acteurs du projet d’innovation. Pour répondre à cette question, nous analysons le fonctionnement d’équipes de développement de logiciels libres associées au projet Linux. Il apparaît que l’absence d’interactions directes et simultanées limite considérablement la confiance interpersonnelle. Cette absence est compensée par une confiance institutionnelle élevée mais aussi par un dispositif formalisé de contrôle, dont la combinaison permet d’assurer un niveau de performance élevé. Aussi, nous nous éloignons des approches privilégiant la confiance comme une alternative au contrôle pour préférer un point de vue intégrateur. En particulier, le contrôle sanction peut être utilisé sans démotiver les membres de la communauté Linux parce qu’il vient compléter un système global de contrôle qui s’apparente à un contrôle social.
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Copyright (c) 2004 Thomas Loilier, Albéric Tellier
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